Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Anticapitalisme
30 août 2008

Liberté et libéralisme

                                        

L'appât du gain (rapine), la tarification des rapports humains (prostitution) existe depuis l'aube de l'humanité. Ils ont précédé l'écriture, ils sont probablement antérieurs à l'agriculture. Le libéralisme, esprit d'entreprise exempt de toute morale et de toutes contraintes collectives existe donc depuis la naissance de la société. Il n'a cependant été théorisé qu'au 19e, le siècle de toutes les doctrines. Il se voulait en matière économique ce que les Lumières du siècle passé étaient à la politique et à la morale. "Mehr Licht" proclamaient les philosophes du 18e, "mehr Geld" réclamèrent leurs successeurs libéraux. Ils voulaient combattre les dernières pesanteurs féodales qui étranglaient l'économie. C'était l'aboutissement du cycle des révolutions bourgeoises, le monde des marchands supplantait celui du clerc et du chevalier. Une aristocratie était morte, une autre faisait son nid dans sa dépouille. La race ouvrière et paysanne, elle, demeurait opprimée. Le libéralisme peut-il alors être le volet économique de la Liberté ? Tout Etat socialiste est-il condamné à étouffer les libertés individuelles (innovation, propriété...) pour assurer la justice sociale ? En bref, le libéralisme est-il une fatalité de l'état libertaire ?

Les états se réclamant du socialisme marxiste n'ont pas pu ou pas voulu assurer ses libertés personnelles. Les divers exemples de "socialisme fasciste" ont été rongés par la réaction au niveau politique et étouffés par le capitalisme sur le plan économique. C'est que l'oligarchie libérale fonde son pouvoir sur la concentration dans le secteur privé des moyens de production. Sa participation politique n'a comme seul but de favoriser son œuvre économique. En méprisant l'économie, en menant des révolutions purement politiques, les fascismes ont frôlé le Capital sans le toucher. Les années 20/30 ont bénéficié, et j'utilise ce mot sans guillemet, de millions de chômeurs qui n'avaient d'autres choix que d'investir le champ politique pour améliorer leur condition. Notre drame actuel est que le libéralisme sait désormais qu'il faut maintenir le Peuple dans une activité fébrile pour assurer la paix civile. L'inactivité engendre la réflexion, la réflexion provoque la colère et ça le Système l'a compris...

L'homme n'est pas libre quand il passe 75% de son temps à gagner le pain et le logis. L'homme n'est pas libre quand il rentre chez lui abruti par le travail, incapable du moindre effort intellectuel. On est pas libre quand demain demeure une incertitude... Certains, généralement des individus bien nés, reprochent à nos contemporains d'être atones face à la misère de l'Europe et du monde. Comment vivre pour les autres quand on peine à vivre pour soi ?

Je ne voudrais pas que mon propos passe pour un éloge de l'oisiveté. Le travail est un devoir et un bienfait, à condition qu'il ne devienne un asservissement. Le fruit du travail doit nourrir la collectivité et pas engraisser l'actionnaire comme on couvre de feuilles d'or le ventre des bouddhas. Il faut un Etat et il faut que celui-ci soit exigeant. Seul l'Etat garantit la sécurité, préalable indispensable à la Liberté. Encore faut-il que l'Etat se confonde avec le peuple, là est la démocratie, là est la Liberté. Anarchisme et libéralisme se retrouvent dans leur critique de l'Etat. L'anarchie c'est le libéralisme des hommes parfaits, c'est un capitalisme pour individus purement moraux.
   
Stephan Zweig reprochait à la bourgeoisie allemande d'avoir négliger le volet moral du libéralisme, conduisant celle-ci au nazisme. Le libéralisme garantit en théorie la Liberté, mais n'assure pas les conditions pour l'exercer. Garantir la Liberté, c'est d'abord garantir à l'homme qu'il n'aura pas besoin de se battre pour manger et dormir. Quand le travail sera un épanouissement et plus une contrainte, les usines, les bureaux, les écoles deviendront nos cathédrales. Là est la Liberté, là est l'Europe et le monde que nous voulons...


Thomas Demada

Publicité
Publicité
Commentaires
Anticapitalisme
Publicité
Archives
Publicité